3èmes déportations et
liquidations 1944-1953:
soviétiques.
Tous les territoires qui furent attribués à
l'URSS par le Pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 subirent,
dès leur occupation, des déportations et des liquidations
soviétiques, puis nazies et de nouveau soviétiques (les Etats
Baltes dès juillet 1940, l'est de la Pologne dès septembre
1939 et la Bessarabie dès juillet 1940).
Sans le Pacte entre ces deux puissances totalitaires, nazie et communiste,
il n'y aurait pas eu d'occupations, de déportations et de
liquidations dans ces états.
3èmes déportations et liquidations
1944-1953: soviétiques.
En avançant, le front traverse la Lettonie entre juillet 1944 et
mai 1945. Riga fut occupée le 13 octobre 1944.
Tout comme les allemands, les soviétiques pratiquèrent les
exécutions sommaires pendant les premiers jours après le
passage du front pour "délit de sale gueule".
A la fin de la guerre, il reste une poche allemande de quelques 10'000
km2 en Courlande. Au fur et à mesure de l'avance soviétique,
des hommes en âge de porter les armes furent
mobilisés dans
l'Armée rouge. Une partie de la population passa dans les
camps de filtration, dont le résultat fut trop souvent une
déportation en Sibérie. La faiblesse des prisonniers
à la fin de la guerre et les conditions limites des camps de
filtration furent responsables de la mort de nombreux prisonniers. Les
soviétiques filtrèrent particulièrement les
habitants et les réfugiés de la poche de Courlande
à la recherche de collaborateurs et de militaires.
Beaucoup de réfugiés furent rattrapés par le front
dans les Etats occupés par l'Armée rouge et rapatriés
en Lettonie. Les rapatriés des zones d'occupation américaine,
anglaise et française, furent peu nombreux malgré la
propagande des soviétiques, il s'agissait surtout de personnes
séparées de leurs familles restées en Lettonie. Les
Occidentaux ne livrèrent pas
les baltes aux soviétiques, même ceux faits prisonniers
sous l'uniforme allemand (exception: la Suède livra 171 prisonniers).
Un lourd système de surveillance continua à rechercher les
gens qui auraient pu passer au travers des mailles du filet.
Les zones d'implantation des maquis anti-soviétiques furent
"peignées" jusqu'en 1956 et la répression y sévit
particulièrement. La déportation des paysans de mars 1949
y fut plus lourde qu'ailleurs.
Sources:
Le livre noir du communisme, p.236, Robert Laffont, Paris 1997,
Jacques Rossi, Le manuel du Goulag, Le cherche midi éditeur,
Paris 1997, p.333.
Aleksandr Nekritch, Les peuples punis,cahiers libres 37,
François Maspéro,Paris 1982, p.187
Avraham Shifrin, The First Guidebook to the Soviet Union,to prisons
and concentration camps of the Soviet Union, Stephanus Editions,
Uhldingen/ Seewis CH 1980, p379.
Nikolai Tolstoy, Victims of Yalta,Corgi Books,1979, p640.
Déportations
de paysans des 25-29 mars 1949.
extraits d'un article de B.Spridzâns, directeur du
département de la réhabilitation des citoyens indûment
réprimés
�L'arrêté strictement secret No.390-138 du Conseil des
ministres de l'URSS du 29 janvier 1949 définit les catégories
à déporter de Lettonie, de Lithuanie et d'Estonie:
1) les koulaks et leurs familles;
2) les membres des familles des bandits et nationalistes qui sont dans
l'illégalité, ainsi que les membres des familles de bandits
executés ou condamnés;
3) les bandits ayant régularisé leur situation et les membres
de leur famille qui continuent des menées antisoviétiques;
4) les membres de famille de ceux qui ont soutenu les bandits.
Le texte précise que seront déportés tous les membres
majeurs de la famille et les parents vivant sous le même toit. Les
mineurs et les incapables de travailler ne sont pas concerné mais
peuvent volontairement suivre la famille�
�L'arrêté strictement secret No.282 du Conseil des ministres
de la RSS de Lettonie du 17 mars 1949 "sur la déportation des
familles de koulaks hors de la RSS de Lettonie" signifiait la
déportation de 10 000 familles de koulaks vers les régions
lointaines de l'URSS�
�L'arrêté officialise les listes de familles de koulaks
définies par les comités exécutifs de disrtict et
charge de l'opération le Ministère de la Sureté de
la RSS de Lettonie. L'arrêté est signé par le
président du Conseil des ministre de la RSS de Lettonie V.Lacis
et le secrétaire exécutif I.Bastins.
�Cette déportation fit partie, tout comme en URSS en 1930, de la
collectivisation de l'agriculture�
�La confirmation des dossiers de déportation des familles de koulaks
était de resort du Ministre de la Sureté A.Noviks ou de son
adjoint. Celle des familles de nationalistes était du ressort du
procureur de la RSS de Lettonie Misutin ou de son adjoint�
�Les listes de déportations ont été signées par
les présidents des exécutifs de district ou par leur
remplaçants entre le 13 et le 15 mars 1949. Les dossiers personnels
ont été rédigés et confirmés en
février et mars 1949�
|
koulaks |
nationalistes |
deport.adm |
total |
Origine ethnique: |
|
|
|
|
- lettons |
28'107 |
12'158 |
1'393 |
41'958 |
- russes |
482 |
293 |
|
775 |
- autres |
663 |
430 |
|
1'093 |
- total |
|
|
|
43'826 |
Catégories d'âge: |
|
- jusqu'à 7 ans |
3'369
|
- de 7 à 16 ans |
7'621 |
- de 16 à 60 ans |
23'241 |
- de 60 à 80 ans |
7'068 |
- plus de 80 ans |
734 |
Déportés vers: |
|
- la région de l'Amour |
5'487 |
- la région d'Omsk |
20'844 |
- la région de Tomsk |
15'584 |
où ils furent répartis dans les ra�ons, puis dans les
kolkhozes et les sovkhozes�
�Dans les speckomandantur des lieux de déportations furent
constitués des dossiers pour chaque déporté ayant
atteint 16 ans. Chaque déporté eut à signer qu'il
avait pris connaissance de l'arrêté No.35 du Conseil des
Commissaires du peuple de l'URSS du 8 janvier 1945 "sur le statut juridique
du déporté" et qu'il se trouve en déportation
définitive sans le droit de retourner dans son lieu de
résidence précédant ou de quitter sans permission
son lieu de déportation. En cas de violation de cette obligation,
le déporté est passible d'une condamnation de 20 ans de bagne
en application décret du Présidium du Soviet suprême
d'URSS du 26 novembre 1948�
Libérés: |
|
- 1949-54 |
405 |
- 1954 |
1'472 |
- 1955 |
3'394 |
- 1956 |
18'434 |
- 1957 |
11'285 |
- 1958 |
2'089 |
- 1959 |
239 |
- 1960 |
1'392 |
- 1961-66 |
180 |
morts en déportation |
5'073 |
total |
43'963 |
�Ce n'est que le 2 novembre 1988 que le Soviet suprême de la RSS de
Lettonie, dans son arrêté No.350 "sur la déportation
administrative injustifiée de citoyens hors de la RSS de Lettonie
en 1949", reconnaît comme non-fondée la déportation des
familles de koulaks. Le décret du Présidium du Soviet
suprême de la RSS de Lettonie du 8 juin 1989 "sur la
réhabilitation des citoyens déportés hors du
territoire de la RSS de Lettonie dans les années 1940 et 1950"
l'élargit aux nationalistes et aux déportés sur
décision administrative des autres périodes�
Source:
B.Spridzâns, directeur du département de la
réhabilitation des citoyens indûment réprimés,
Ministère de l'intérieur "Latvijas melnâkâ
diena", Latvijas arhivi pielikums 1.1995. �Traduction
octobre 1997.
Commentaires:
La collectivisation de l'agriculture dans les Etats baltes, avec la
"liquidation de la classe des koulaks", se fit selon le schéma des
années 1929-32 en URSS. Fin 1947 l'impôt et les redevances en
nature furent alourdis. A cette occasion furent constituées
localement des listes de plus de 10'000 fermes de koulaks. Le recensement
agricole de 1939 permit à Riga des recoupements et apporta des
compléments aux listes de déportés en 1949.
Source: "Kulaku deportâcija", J.Riekstins,
historien, CINA 9 février 1989.
L'immigration concerne surtout les villes, mais une partie prit la
place des victimes de la déportation.
Décision
N� 282 du Conseil des ministres de la RSS de Lettonie du 17.03.49:
Strictement secret
Riga
De la déportation des familles de koulaks hors de la RSS de Lettonie.
Conformément à l'arrêté strictement secret
No.390-138 du Conseil des ministres de l'URSS du 29 janvier 1949, le Conseil
des ministres de la RSS de Lettonie décide:
1) de déporter hors de la RSS de Lettonie pour relégation
dans des lieux lointains de l'URSS 10000 familles de koulaks;
2) de confirmer les listes de familles de koulaks à déporter
fournies par les comités exécutifs des conseils de
députés des travailleurs.
3) de charger le Ministère de la sécurité de la RSS de
Lettonie d'exécuter la déportation des familles de koulaks.
Le président du Conseil des ministres de la RSS de Lettonie
V.Lacis
Le secrétaire exécutif du Conseil des ministres de la RSS de
Lettonie
I.Bastins
Source:
page190, G.Kurlovics, A.Tomasuns "Latvijas vèsture, okupàcijas
gadi" (documents d'histoire liés aux trois okupations de la Lettonie) éd.
Zvaigzne ABC 1998 p.274. �Traduction française mars 2000.
Décision
N� 297 du Conseil des ministres de la RSS de Lettonie du 24.03.49:
Strictement secret
En complément de la décision N� 282 du Conseil des ministres de
la RSS de Lettonie du 17.03.49 et conformément à
l'arrêté strictement secret No.390-138 du Conseil des ministres
de l'URSS du 29 janvier 1949, le Conseil des ministres de la RSS de Lettonie
décide:
1) de confisquer le bétail et les biens des personnes à
déporter à l'exception de ce qu'elles emportent avec elles en
déportation;
d'affecter les biens confisqués aux remboursements des dettes vis
à vis de l'état et des payements courants; le solde des biens
(bâtiments d'habitation et de ferme, locaux d'entreprise, l'inventaire
agricole ou d'artisanat, bétail) après ces remboursements sera
transmis aux kolhozes pour être intégré dans le fonds
indivisible.
Le reste des biens et les pommes de terre seront transmis aux organes financiers
pour être vendu.
Les céréales pour l'alimentation, pour le bétail ou les
cultures industrielles seront transmises à l'état (office de
fourniture des semences)�
2) de charger les comités exécutifs des communes et des districts
de l'enregistrement, de la conservation et de la réalisation des biens
confisqués...
Pour l'enregistrement des biens confisqués et pour assurer leur
conservation, les comités exécutifs des conseils de
députés des travailleurs nommeront les fondés de pouvoir et
leur affecteront le nombre de personnes nécessaires à cet effet.
3) dénommer les fondés de pouvoir du Conseil des ministres de la
RSS de Lettonie dans les districts pour l'enregistrement, de la conservation et
de la réalisation des biens confisqués
Le président du Conseil des ministres de la RSS de Lettonie
V.Lacis
Le secrétaire exécutif du Conseil des ministres de la RSS de Lettonie
I.Bastins
Source:
page190, G.Kurlovics, A.Tomasuns �Latvijas vèsture, okupàcijas
gadi� (documents d'histoire liés aux trois okupations de la Lettonie) éd.
Zvaigzne ABC 1998 p.274. �Traduction française mars 2000.
La déportation mobilisa 3'250 groupes opérationnels.
Chaque groupe doit arrêter 4 familles et se compose d'un chef membre
opérationnel du NKVD, de 2 membres des troupes du NKVD, de 2 membres
de troupes territoriales et de 4 à 5 membres du parti communiste.
En tout 3'250 membres opérationnels du NKVD, 6'500 membres des
troupes du NKVD, 6'500 membres de troupes territoriales et 14'625 membres
du parti communiste, soit 30'875 personnes.
Source: "Milna pâr latvie�u tautu", estimation
du personnel nécessaire du 25 février 1949 par le
lieutenant-général P.Burmak, publié par Prof.H.Strods,
Latvijas Vèstnesis 25 mars 1997.
Cette déportation de 1949 valut à leurs auteurs 75 médailles du
Drapeau rouge, il s'agit d'une décoration militaire pour fait d'arme sur le
champ de bataille.Une partie des noms furent publiés dans la Pravda du 25-26
août 1949:
- général-major Noviks Alfons fils de Andrejs (1908) ministre de la
sécurité d'état (MSE)
- général-major Eglitis Augusts fils de Peteris (1896) ministre de
l'intérieur;
- colonel Vasiliev Vladimir fils de Vasili (1902) fonctionnaire du MSE;
- colonel Vevers Janis fils de Janis (1899) vice ministre de la sécurité
d'état direction opérationnelle;
- colonel Kozin Victor fils de Nikolai (1909) chef de la 2ème section
(contre-espionnage) du MSE;
- colonel Sirinski Fiodor fils de Zahari MSE de l'arrondissement de Madona;
- colonel de la milice Platais Nikolajs fils de Karlis responsable au ministère
de l'intérieur;
- lieutenant colonel Jaunpetrevic Karlis fils d'Ivan (1902) chef du MSE de l'arrondissement
de Liepaja;
- commisaire de 3.ème rang de la milice Koselev Aleksei fils d'Aleksei (1906) vice
ministre de l'intérieur;
- major Zujans Ivans fils de Donats (1910) chef de la section 2N (lutte contre les partisans
nationaux) du MSE
- capitaine Lariutin Mihail fils de Pavel, chef du MSE de l'arrondissement de Kuldiga;
- capitaine Reinholds Peteris fils de Jazeps (1910) chef du MSE de l'arrondissement de
Madona;
- capitaine Tutin Vinc fils d'Anton (1914) chef du MSE de l'arrondissement de Valmiera,
puis adjoint du chef de la section 2N du MSE;
- capitaine Salms Jekabs fils de Mikels chef du MSE de l'arrondissement de Aizpute;
tous furent promus après ces déportations; tous sont morts aujourd'hui. Sur
14 décorés 6-7 ont des noms ou des prénoms lettons.
Le signataire principal des déportations de 1949-53 fut Noviks Alfons (1908) ministre
de la Sécurité d'état pour 41'544 personnes en 1949, autres Pesehonovs
Fotijs, Vevers Janis, Zujans, Sustins, Kovalcuk, Polikarpov, Lakisev, Misutins, Jemeljanov,
Kozins, Krasennikov..
Source:
�Ceternesmito gadu deportàijas strukt�ranal�ze� (analyse structurelle des
déportations des années 1940), Indulis Zalite, Sindija Dimante SAB
Totalitàrisma seku dokumentèsanas centrs.
Cette déportation eut lieu 4 mois après la
Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre
1948 et la Convention pour la prévention et la répression
du crime de génocide du 9 décembre 1948 et pendant la
rédaction des Conventions de Genève du 12 août 1949.
Le décret du Présidium du Soviet suprême de la RSS
de Lettonie du 8 juin 1989"sur la réhabilitation des citoyens
déportés, par décision administrative et sans
décision judiciaire, hors du territoire de la RSS de Lettonie
dans les années 1940 et 1950" provoqua des réactions
négatives en Occident qui, parfois, assimilaient l'ensemble des
déportés et des liquidés des deux occupations
soviétiques à des criminels nazis.
A leur tour, les lettons ne comprirent pas que des occidentaux
considèrent les
déportés et liquidés
de 1940-41 (dont 3-5'000 étaient juifs) comme des
criminels nazis: ce sont des gens qui étaient déjà
soit morts, soit en Sibérie avant et pendant l'occupation
allemande et l'holocauste. Quand aux victimes de la collectivisation de
l'agriculture, il s'agit d'une "liquidation de la classe des koulaks"
selon la terminologie staliniste organisée selon le schéma
des répression des années 1930.
Les crimes nazis et les crimes soviétiques sont
rééls, en aucun cas les crimes des uns n'excusent les
crimes des autres, en aucun cas le commanditaire du crime, fut-il
vainqueur ou vaincu d'une guerre mondiale, n'est absou et ne doit
échapper à la justice, pas plus que l'exécutant.
La généralisation des crimes de quelques-uns, que ce soit
du côté nazi ou du côté soviétique,
à toute l'ethnie lettone est tout à fait abusive.
(retour tête de page)
, Suisse Romande,15 octobre 1997,
Mise à jour: 06 janvier 2001
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