3èmes déportations et
liquidations 1944-1953: soviétiques.
Tous les territoires qui furent attribués à
l'URSS par le Pacte Ribbentrop-Molotov du 23 août 1939 subirent,
dès leur occupation, des déportations et des liquidations
soviétiques, puis nazies et de nouveau soviétiques (les
Etats Baltes dès juillet 1940, l'est de la Pologne dès
septembre 1939 et la Bessarabie dès juillet 1940).
Sans le Pacte entre ces deux puissances totalitaires, nazie et communiste,
il n'y aurait pas eu d'occupations, de déportations et de
liquidations dans ces états.
1ères déportations et liquidations
1940-1941: soviétiques.
La répression commença dès juillet 1940 par des
emprisonnements et des exécutions. Le Livre noir du communisme
cite 1'480 exécutions. Il s'agit principalement des membres de
l'exécutif, de politiques considérés dangereux,
d'anciens combattants "blancs", d'exilés politiques, d'auteurs
de répressions contre les communistes, de cadres de l'armée
d'active ou de réserve et de personnes occupant des postes
stratégiques. Les cadres de l'armée furent réunis
pour des manoeuvres, arrêtés, en partie
exécutés, en partie déportés en Sibérie
où une majorité des survivants fut liquidée.
Le Président de la République K.Ulmanis fut
déporté le 22 juillet 1940 dans le sud de la Russie et y
mourut en 1942. On cherche encore sa tombe.
En novembre 1940, Moscou décida qu'une partie de la
législation de la FRSS de Russie s'appliquerait dans les Etats
baltes, en particulier ce qui touche la criminalité. Elle
introduisait la rétroactivité dans le système
juridique letton. Mais à côté des condamnations plus
ou moins judiciaires, il y eut beaucoup de décisions purement
administratives.
Comme en Pologne orientale en 1939-40, Moscou
planifia et
exécuta avec méthode les déportations: 5 vagues
furent planifiées avec une durée entre les vagues permettant
aux trains de faire l'aller-retour en Sibérie. Seule la 1ère
vague, le 13-14 juin 1941, eu lieu avant l'attaque allemande.
Le Goulag avait plusieures catégories de camps de concentration et
plusieurs types de relégation. A côté de la fonction
répressive, le Goulag fournissait de la main d'oeuvre et assurait
une colonisation de la Sibérie. L'espérance de survie
était fort variable selon les catégories: dans certains
cas, la planification du travail correspondait à 30% de morts la
1ère année. Les personnalités civiles et militaires
furent souvent exécutées. Les relégués furent
débarquées dans dans une nature et des milieux hostiles,
sans infrastructures, mais parfois, trouvèrent une réele
solidarité auprès des populations autochtones. Mais peu de
ces premiers déportés survécurent les 15 années
jusqu'en 1955-7, quand furent autorisés
les premiers retours.
Sources:
Latvijas Universit�tes Latvijas Vestures Instituts, No NKVD l�dz KGB,
politiskas pravas Latvija 1940-1986, Noziegumos pret padomju valsti apsudzeto
Latvijas iedz�votaju raditajs (Du NKVD jusqu'au KGB 1940-1986,
répertoire des procès pour crime contre l'Etat soviétique).
Latvijas Vestures instituta apgads , R�ga 1999, lpp.975.
Latvju enciklopedija, vol.14. p.1290, éd.Tris Zvaigznes,
Stockholm 1951.
Le livre noir du communisme, Robert Laffont, Paris 1997, p.
Jacques Rossi, Le manuel du Goulag, Le cherche midi éditeur,
Paris 1997, p.333.
THESE NAMES ACCUSE, Nominal list of latvians deported to the soviet
Russia in 1940-41, Ed. the Latvian National Fund in the Scandinavian
Countries, Stockholm 1951, p.547.
Telford Taylor dans son livre �Procureur � Nuremberg� (Seuil, Paris
1995, p.709 , original en anglais The anatomy of the Nuremberg Trials 1992)
rapelle p328 le �massacre de Katyn, que Rudenko avait tenu � faire figurer
dans l'acte d'accusation comme crime de guerre commis par les Allemands,
malgré les mises en garde des autres procureurs généraux�.
Déportations du 13-14 juin 1941
extraits d'un article de B.Spridzâns, directeur du
département de la réhabilitation des citoyens indument
réprimés.
�Selon l'arrêté strictement secret No.1299-526 du CC du PC de
l'URSS du 14 mai 1941 "sur la déportation des éléments
socialement étrangers des Républiques baltes, de l'Ukraine
occidentale, de la Biélorussie occidentale et de la Moldavie" il
était prévu de déporter les catégories
suivantes:
1) les membres des organisations contre-révolutionnaires et leurs
familles;
2) les anciens gendarmes, les gradés de la police et des gardiens
de prisons, ainsi que les simples policiers ou gardiens de prison en cas
de documents compromettants;
3) les anciens grands propriétaires et commerçants (dont le
chiffre d'affaire annuel dépassait 150'000 lats), les anciens
industriels (dont le chiffre d'affaires annuel dépassait 200'000
lats), et les principaux fonctionnaires des gouvernements bourgeois;
4) les anciens officiers dont les dossiers sont compromettants (dont ceux
qui avaient servi dans les troupes territoriales de l'armée rouge);
5) les membres de la famille des condamnés à mort ou des
membres d'organisations contre-révolutionnaires qui ont pris le
maquis;
6) les personnes qui ont été rapatrié depuis ou vers
l'Allemagne et dont les dossiers sont compromettants;
7) les réfugiés polonais s'ils ont refusé d'adopter la
citoyenneté soviétique;
8) les éléments criminels qui poursuivent leurs
activités;
9) les prostituées enregistrées auprès de la police si
elles continuent leurs activités.
Il est précisé que les dossiers compromettants veulent dire
actions anti-soviétiques ou contacts avec le renseignement
étranger.
En application de cet arrêté, le personnel opérationnel
du Commisariat de la sécurité d'état de la RSS de
Lettonie des districts et des villes préparèrent les
documents pour l'arrestation des chefs de famille et la déportation
des membres de leur famille. Documents signés par les directeurs et
contresignés par la direction du Commissariat de la
sécurité: Noviks, Sustin, Brezgin, Cinis, Krivickis.
Les arrestations et les déportations eurent lieu
simultanément pendant la nuit du 13 au 14 juin (il y a une
lumière crépusculaire à minuit à la mi-juin,
NdlR)�
�D'après les archives à disposition (jugées
incomplètes NdlR) du Ministère de l'intérieur de la
République de Lettonie 14'194 personnes (7'077 hommes et 7'117
femmes) furent arrêtés et déportés le 14 juin
1941.
|
Arrestations |
décisions |
total |
|
motivées |
administratives |
|
Par origine ethnique: |
|
|
|
- lettons |
3'318 |
8'100 |
11'418 |
- juifs |
559 |
1'212 |
1'771 |
- russes |
223 |
519 |
742 |
- allemands |
26 |
10 |
36 |
- autres |
76 |
151 |
227 |
Par tranche d'âge: |
|
|
|
- jusqu'à 7 ans |
4 |
1'610 |
1'614 |
- de 7 à 16 ans |
6 |
2'131 |
2'137 |
- de 16 à 60 ans |
3'730 |
5'510 |
9'240 |
- de 60 à 80 ans |
457 |
691 |
1'148 |
- plus de 80 ans |
5 |
50 |
55 |
Par sexe: |
|
|
|
- hommes
|
4'065 |
3'012 |
7'077 |
- femmes
|
137 |
6'980 |
7'117 |
Total: |
4'202 |
9'992 |
14'194 |
Le Ministère de l'intérieur a connaissance de 275
arrestations supplémentaires dans les jours qui ont suivi le 14 juin
et de 711 arrestations planifiées qui n'ont pas eu lieu�
�Ils furent déportés principalement dans les régions
de Krasnojarsk (7'518) et de Tomsk (1'599), pour les autres les
informations sont lacunaires�
�En 1946 furent rapatriés 954 enfants en dessous de 16 ans dont 300
dont les deux parents étaient morts. Jusqu'en 1947, 1'426 personnes
étaient rentrées illégalement, 1'225 adultes et 203
enfants furent déportés à nouveau avec aggravation de
peine�
Source:
B.Spridzans, directeur du département de la réhabilitation
des citoyens indûment réprimés, Ministère de
l'intérieur, "Ta sakas Latvijas iedz�votaju masveida represijas",
Latvijas arhivi pielikums 1.1995. �Traduction octobre 1997.
Commentaires 13-14 juin 1941:
Les recherches pendant l'occupation allemande font état de
15'081 déportés pour le 13-14 juin 1941.
Source: THESE NAMES ACCUSE, Nominal list of latvians
deported to the soviet Russia in 1940-41, Ed. the Latvian National Fund
in the Scandinavian Countries, Stockholm 1951, p.547.
Sur 2'500 lettons déportés en 1940-41 dans des camps
de concentration de la région de Perm, chemin de fer de Tchousova�
et Viesvatuka, seuls 17 étaient vivants en 1952.
Source: "Sie vârdi aps�dz", Dr.I.Spilners Atmoda
27 février 1989.
La déportation du13-14 juin 1940 correspond à 0.74%
de la population de la Lettonie. 1.9% des juifs furent
déportés, 0.8% des lettons et 0.4% des russes.
Des survivants baltes, venus élever un monument à
leurs compagnons déportés morts, constatèrent en
1990 que des bulldozers nivelaient le cimetière du camp de
Norilsk 2.
Un petit nombre de relégués put rentrer plus ou moins
légalement en Lettonie en 1946 pour être de nouveau
déporté 2 ou 3 ans plus tard.
Les signataires principaux des déportations de 1941 furent :
- Sustin Semion (né en 1908) vice-commissaire du peuple pour les
affaires intérieures de la SSR de Lettonie pour 6'636 personnes;
- Cinis Janis (1911) vice-commissaire du peuple pour les affaires
intérieures de la SSR de Lettonie pour 2'479 personnes;
- Krivickis Zinovijs / Zjama / (1910), chef de la 1ère section
spéciale du NKVD pour 1'915 personnes;
- Brezgins Aleksandrs, vice-commissaire du peuple pour les affaires
intérieures de la SSR de Lettonie pour 1'138 personnes;
- autres: Vevers, Mende, Barkovskis, Jenukidze, Lagovslis, Latkovskis,
Martirosovs, Sprogis.
Source: �Ceternesmito gadu deportacijas strukturanal�ze� (analyse
structurelle des déportations des ann�es 1940), Indulis Zalite,
Sindija Dimante SAB Totalitarisma seku dokumentesanas centrs.
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, Suisse Romande, 15 octobre 1997,
Mise à jour: 06 janvier 2001
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