LETTONIE - RUSSIE, Traités et documents de base

  • Communiqué du gouvernement de l'URSS au gouvernement de la Lettonie, (ultimatum du 16 juin 1940)

  • Communiqué du gouvernement de l'URSS au gouvernement de la Lettonie, (ultimatum du 16 juin 1940)

    Sur la base des faits matériels qui sont en possession du Gouvernement soviétique et sur la base des échanges d'idées qui eurent lieu récemment à Moscou entre le Président du Conseil des Commissaires du peuple d'URSS et le Premier ministre de Lithuanie Merkis, le Gouvernement soviétique arrive à la conclusion que non seulement la Lettonie n'a pas liquidé l'alliance militaire avec l'Estonie, signée avant le pacte d'assistance mutuelle entre la Lettonie et l'URSS, une alliance qui est dirigée contre l'URSS, mais l'a élargi à la Lithuanie et tente d'y attirer la Finlande.

    Jusqu'à la signature à l'automne 1939 du pacte d'assistance mutuelle, le Gouvernement soviétique pouvait tolérer l'existence de telles alliances militaires, quoi qu'elles fussent postérieures et en contradiction avec le pacte de non-agression entre l'URSS et la Lettonie. Mais après la conclusion du Pacte d'assistance mutuelle entre l'URSS et la Lettonie, le Gouvernement soviétique considère l'existence d'une alliance militaire entre la Lettonie, l'Estonie et la Lithuanie, dirigée contre l'URSS, non seulement inadmissible et intolérable, mais éminemment dangereuse et menaçante pour la sécurité des frontières de l'URSS.

    Le Gouvernement soviétique comptait, après la conclusion du Pacte d'assistance mutuelle entre l'URSS et la Lettonie, sur le retrait de la Lettonie de l'alliance militaire avec les autres Etats baltes et qu'ainsi cette alliance militaire soit liquidée. Au contraire la Lettonie avec les autres Etats baltes a entrepris de réanimer et élargir l'alliance militaire susmentionnée, pour preuve la convocation de deux conférences secrètes réunissant les 3 Etats baltes en décembre 1939 et mars 1940, pour élaborer formellement une alliance élargie avec l'Estonie et la Lithuanie; le renforcement des relations entre les états-majors généraux de la Lettonie, de l'Estonie et de la Lithuanie en secret de l'URSS; la création d'un organe de presse de l'Entente militaire balte en février 1940 -"Revue Baltique" édité en anglais, français et allemand à Tallin ainsi que d'autres faits similaires.

    Tous ces faits tendent à prouver que le Gouvernement letton a transgressé grossièrement le Pacte d'assistance mutuelle entre l'URSS et la Lettonie, qui prescrit aux Parties Contractantes de "ne conclure aucune alliance et ne participer à aucune coalition qui serait dirigée contre l'une des Hautes Parties Contractantes." (Article 4. du Pacte)

    Cette transgression grossière du Pacte d'Assistance mutuelle entre l'URSS et la Lettonie par le Gouvernement de la Lettonie se produit au moment où l'URSS a promu et continue à promouvoir une politique au plus haut point bienveillante et pro-lettone, en remplissant scrupuleusement toutes les clauses du Pacte d'Assistance mutuelle entre la l'URSS et la Lettonie.

    Le Gouvernement soviétique ne peut tolérer cet état de faits plus longtemps.

    Le Gouvernement de l'URSS estime absolument indispensable et ne souffrant aucun délai:

    1) de former immédiatement en Lettonie un Gouvernement qui soit capable et qui soit prêt à assurer une application honnête des clauses du Pacte d'Assistance mutuelle entre L'URSS et la Lettonie.

    2) d'assurer sans retard l'entrée libre d'unités de l'armée soviétique sur le territoire de la Lettonie, pour qu'elles prennent position dans les principaux centres de la Lettonie en nombre suffisant pour assurer la réalisation du Pacte d'Assistance mutuelle entre l'URSS et la Lettonie et pour contrer d'éventuels actes de provocation contre les garnisons soviétiques en Lettonie.

    Le Gouvernement soviétique estime que la réalisation de ces exigences est une condition élémentaire, sans laquelle il est impossible d'assurer une application honnête et loyale des clauses du Pacte d'Assistance mutuelle entre L'URSS et la Lettonie.

    Le Gouvernement soviétique attendra la réponse du Gouvernement letton jusqu'à 11 heures du soir le 16 juin, passé ce délai, l'absence de réponse du Gouvernement letton sera considérée comme un refus des exigences susmentionnées de l'URSS.

    Source:
    Paru dans le "Valdibas Vestnesis" (journal officiel) du 17 juin 1940.
    Latvijas okupacija un aneksija: 1939 - 1940: dokumenti un materiali. I.Grava-Kreituse, I.Feldmanis, J.Goldmanis, A.Stranga. Riga, 1995 document No.143, p.340.
    Traduction française: mars 1997


    Commentaires:
  • L'Entente Baltique ne comportait aucun accord militaire. L'occupation de Klaipeda (Memel) le 21.02.39 par Hitler r�v�le le vide de sens de l'Entente.
  • A.Spekke cite Unams: "Après avoir reçu l'ultimatum russe, le Président invita le ministre allemand von Kotze à donna des réponses à trois demandes:
    1. Est-ce que, dans l'éventualité d'un conflit russo-letton, l'Allemagne va rester neutre?
    2. Est-ce que le gouvernement letton pourra acheter des armes en Allemagne?
    3. Est-ce que l'Allemagne permettra au gouvernement letton et à l'armée de reculer dans la province de Klaipeda (Memel)?
    Le ministre allemand, sans avoir dû consulter son gouvernement, donna immédiatement sa réponse: "L'Allemagne ne serait pas intéressée dans les problèmes des Etats baltiques.""
    Source: A.Spekke, La Lettonie et le Problème baltique, esquisse d'histoire récente, Paris 1952.

  • Le Conseil des ministres donne, le 17 mai 1940, à l'Ambassadeur de Lettonie à Londres, Monsieur Karlis Zarins, des pouvoirs extraordinaires de représenter le gouvernement letton au cas où le gouvernement letton perdrait sa liberté d'agir suite au cours de la guerre. L'Ambassadeur de Lettonie à Washington, Monsieur Alfreds Bilmanis, hériterait de ces pouvoirs extraordinaires en cas de décès ou de perte de liberté d'agir. Le gouvernement de Kirchenstein fera tout pour annuler ces pouvoirs. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne reconna�tront partiellement ces pouvoirs jusqu'à la Restauration de l'indépendance en 1991.
  • Ce n'est pas un hasard si cette occupation eut lieu pendant que le monde concentrait son attention sur l'armistice entre la France et l'Allemagne.
  • 3 jours après l'entrée des chars soviétiques, le 20 juin un gouvernement pro-soviétique entra en fonction.
  • Presque tous les diplomates accrédités en Lettonie assistèrent à la réception organisée par le nouveau Premier ministre A.Kirhensteins: il s'agit d'un acquiescement au coup d'état.
    Les 29 juin et 1er juillet furent annulés, avec la signature de K.Ulmanis, les traités de défense avec l'Estonie et de collaboration avec la Lithuanie qui furent le prétexte de l'ultimatum soviétique. Source: p.41 dans Janis RITENIS, Diplomatiska cina par Latvijas Republikas suverenitates atjaunosanau (Lutte diplomatique pour la restauration de la souverainet� de la R�publique de Lettonie) Fonds Latvijas Vesture, Riga 1999, p.247
  • L'effectif des troupes de l'armée lettone était égale à l'effectif des troupes soviétiques imposées sur le territoire letton par le Pacte d'assistance mutuelle du 5 octobre 1939. Mais leur armement était inférieur.
  • Les cartes d'état-major soviétiques imprimées en septembre 1939 portent déjà les noms de R.S.S.de Lettonie et de R.S.S.de Lithuanie. Source: Edgars Andersons, Latvijas Vesture Arpolitika II 1920 - 1940 Ed. Daugava, Stockholm,1984 p.263 facsimilé
  • Lettre au Conseil fédéral par J. Feldmans le 25 juillet 1940
    , Suisse Romande, 25 mars 1997, Mise à jour: 25 mai 2001
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