L'URSS reconnaît l'existence des articles secrets du
Traité von Ribbentrop - Molotov le 24 décembre 1989 et les
déclare nuls et non avenus.
Décision du Congrès des Députés du Peuple
de l'URSS du 24 décembre 1989.
579. Evaluation politique et juridique du Pacte de non-agression de 1939
entre l'Allemagne et l'URSS.
1) Le Congrès des Députés du Peuple de l'URSS prend
acte des conclusions de la Commission sur l'évaluation politique et
juridique du Pacte de non-agression de 1939 entre l'Allemagne
et l'URSS.
2) Le Congrès des Députés du Peuple de l'URSS partage
le point de vue de la Commission selon lequel le Pacte de non-agression
avec l'Allemagne fut conclu dans une situation internationale critique,
quand croissait la menace d'une agression fasciste en Europe et en Asie la
menace d'une agression militariste japonaise, et que l'un des buts
poursuivis fut d'éloigner de l'URSS la menace de la guerre.
Finalement ce but ne fut pas atteint, mais les erreurs, qui
découlèrent des engagements réciproques entre
l'Allemagne et l'URSS, aggravèrent les conséquences de
l'agression traîtreuse des nazis. En ce temps l'URSS se trouva devant
un choix difficile.
Les engagements définis dans le Pacte entrèrent en vigueur
dès la signature, même si le Pacte lui-même devait
être ratifié par le Soviet Suprême de l'URSS. La
décision de ratifier le Pacte fut prise le 30 août
1939 et l'échange des documents de ratification eut lieu le 24
septembre.
3) Le Congrès considère que le contenu du Pacte n'est pas en
contradiction avec les normes juridiques internationales et la pratique des
accords entre états. Cependant au moment de la conclusion de cet
Accord, ainsi que pendant la procédure de ratification, fut
caché le fait que fut signé, en même temps que l'Accord,
un protocole supplémentaire secret avec lequel les Parties se
répartissaient des "sphères d'intérêt" de la mer
Baltique à la mer Noire, de la Finlande à la Bessarabie.
Les originaux du protocole n'ont pas été retrouvés, ni
dans les archives de l'URSS, ni dans celles de pays étrangers.
Cependant les expertises graphologique, phototechnique et de vocabulaire,
ainsi que le cours subséquent des événements qui
correspond au contenu du protocole, confirment la réalité de
sa signature et de son existence.
4) Le Congrès des Députés du Peuple de l'URSS confirme
par la présente décision que le Pacte de non-agression du 23
août 1939, tout comme l'Accord de délimitation et
d'amitié du 28 septembre 1939 entre l'Allemagne et l'URSS, et comme
les autres accords entre l'Allemagne et l'URSS - selon les normes
internationales de droit - sont rompus dès l'instant où
l'Allemagne attaqua l'URSS le 22 juin 1941.
5) Le Congrès constate que le protocole du 23 août 1939 et les
autres protocoles secrets qui furent signés dans la période
entre 1939 et 1941, tant par la méthode de rédaction que par
le contenu, sont une dérogation aux principes leninistes de politique
étrangère de l'URSS. Le partage ainsi défini en
"sphères d'intérêt" entre l'Allemagne et l'URSS et
d'autres actions sont en contradiction du point de vue juridique avec la
souveraineté et l'indépendance d'Etats tiers.
Le Congrès rappelle qu'à cette époque les relations de
l'URSS avec la Lettonie, la Lithuanie et l'Estonie étaient
réglées par un système d'accords. Selon les
Traités de Paix de 1920 et les Pactes de non-agression des
années 1926 à 1933, les Parties s'engagèrent à
respecter dans tous les cas de figure la souveraineté,
l'intégrité et l'inviolabilité territoriale de l'autre
Partie. Des engagements de même nature liaient l'URSS avec la
Pologne et la Finlande.
6) Le Congrès constate que Staline et Molotov ont mené les
négociations, qui aboutirent aux protocoles secrets, sans en
informer le Peuple soviétique, le Comité central du Parti
communiste, le Parti dans son ensemble, le Soviet Suprême et le
gouvernement de l'URSS, et que ces protocoles secrets furent soustraits au
processus de ratification. De sorte que la décision de les signer
fut, tant dans l'essence que dans la forme, un acte de pouvoir personnel
qui, en aucun cas, ne reflète la volonté du Peuple
soviétique, qui ne peut donc pas être tenu responsable de cet
acte secret.
7) Le Congrès des Députés du Peuple de l'URSS condamne
le fait que fut signé le "Protocole secret supplémentaire" du
23 août 1939 et d'autres protocoles secrets. Le Congrès
considère ces protocoles secrets comme nuls et non avenus depuis le
moment de leur signature.
Ces protocoles n'ont pas créé une nouvelle base juridique
pour les relations internationales de l'URSS avec des Etats tiers,
cependant Staline et son équipe les utilisa pour adresser des
ultimatum à des Etats tiers et exercer des pressions militaires,
transgressant ainsi les obligations contractuelles vis à vis de ces
Etats.
8) Le Congrès des Députés du Peuple de l'URSS
considère que l'examen de ce passé complexe et
controversé fait partie de la Perestroïka, qui doit
garantir à chaque peuple de l'URSS la possibilité de se
développer librement et avec les mêmes droits dans un monde
interdépendant et dans un environnement de compréhension
réciproque croissante.
Le Président du Soviet suprême d'URSS,
M.Gorbatchev
Moscou, le Kremlin, le 24 décembre 1989
No.979-I
Source:
PSRS Tautas Deputatu Kongresa un PSRS AP Zinotàjs, 1989 - No.29
Traduit du letton avril 1997
Commentaires:
En juin 1989, le Congrès des Députés du Peuple
de l'URSS nomme une commission, dirigée par Jakovlev, chargée
de faire l'Evaluation politique et juridique du Pacte de non-agression de
1939 entre l'Allemagne et l'URSS. Des brouillons de rapports, dont le
contenu reflète la Décision (ci-dessus) du Congrès du
24 décembre 1989, seront communiqués à la presse fin
juillet et alimenteront les analyses. Le 23 août 1989 une chaîne
humaine de 650 km, entre Tallin (Estonie), Riga (Lettonie) et Vilnius
(Lithuanie), réunira plus d'un million de personnes des trois
peuples pour commémorer les 50 ans du Pacte et pour demander justice.
La décision du Congrès des
Députés du Peuple de l'URSS, adoptée par 1'432 voix
pour, 252 contre et 264 abstentions,
- condamne les bases de la procédure d'annexion,
- les déclare nulles et non avenues,
- rappelle que les relations étaient réglées par le
Traité de paix de 1920 et le Pacte de non-agression de 1932,
- reconnaît que les protocoles secrets n'ont pas créé une nouvelle base juridique,
mais le gouvernement soviétique n'en tira pas les
conséquences,
bien au contraire, neuf mois plus tard, le Traité réunifiant
les deux Allemagnes, le 13 septembre 1990, dans son article.2. exclut en
Europe toute modification des frontières même pacifique,
confirmant, avec la bénédiction de la "Conférence des
4 + 2", les accords entre Hitler et Staline.
, Suisse Romande, 25 avril 1997,
Mise à jour: 06 mars 2000
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